Côte de Nacre Magazine. Edition 2020/2021
« Quand j’étais toute jeune j’habitais à proximité de l’actuel Office de Tourisme. Nous jouions avec mes frères dans les décombres et cette atmosphère avait quelque chose demystérieux ». Nicole Nitot se souvient de ces moments si particuliers. Celle qui est diplômée en psychologie mais aussi de l’Ecole du Louvre est une passionnée de l’Histoire de l’Art et elle peint toujours aujourd’hui par pur plaisir. Avec Philippe, son mari, elle partage une maison pleine de charme dans l’une de ces venelles en hiver et déménage en front de mer l’été. Cette dame très cultivée au visage doux et à la voix agréable s’est penchée sur l’histoire de toutes ces rues qui recèlent secrets, trésors et mystères. Elle a participé à la rédaction d’un bel ouvrage sur Saint Aubin et a elle-même écrit un recueil très intéressant qui nous conte l’origine et l’histoire de toutes ces venelles. LA DUNE OCCUPAIT LE FRONT DE MER Il faut savoir qu’avant 1851, la dune occupait tout le front de mer jusqu’à l’actuelle rue Pasteur. A cette époque, Saint Aubin dépendait de Langrune et c’est cette même année que les deux communes se sont séparées. Il y avait là tout au plus quelques cabanes de pécheurs, une voilerie et une corderie. La commune, si elle est assez étendue sur la mer, l’est beaucoup moins lorsqu’on s’enfonce dans les terres, jusqu’à l’actuelle déchetterie grand maximum. En été, les pécheurs partaient parfois très loin pendant plusieurs mois. En hiver, leur activité était essentiellement tournée vers la construction. Ils se sont mis a acheter des parcelles, à construire et à agrandir les maisons au fur et à mesure de leurs besoins, lorsque la famille s’agrandissait ou simplement pour revendre. Toutes étaient situées entre deux axes parallèles, la rue Pasteur plus littorale et les rues Foch et Joffre davantage dans les terres. Vers 1870, la mode des bains de mer s’est développée amenant de nombreux estivants. Les pécheurs ont commencé à construire des maisons de rapport qu’ils louaient pour se faire un complément de revenu. Les arrières grands parents de Nicole Nitot possédaient déjà une maison en 1880 et la tradition familiale s’est perpétuée. Aujourd’hui elle est toujours surprise « l’étonnant contraste entre les villas de la digue et les maisons de l’intérieur donne un charme particulier à Saint Aubin. Il vous fait percevoir la différence qui existait entre les Saint-Aubinais des quatre saisons et les hirondelles en villégiature qui, arrivées en juin, repartaient dès l’automne. Comme leurs maisons, ces deux mondes se côtoyaient sans vraiment se rencontrer ». Ces venelles sont nombreuses, différentes parfois à angle droit en fonction des parcelles et des constructions, un vrai labyrinthe avec beaucoup de charme et de discrétion. Certaines sont curieuses comme la rue de la Paix qui passe sous des maisons que les enfants trouvent mystérieuse. Allez savoir pourquoi ? Au niveau intérêt ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent : rue du Puits, rue Madelaine, rue Romain. Certaines autorisent seulement le passage de brouettes… qui transportaient le varech ou d’une seule personne comme la venelle Canet de loin la plus étroite et peut-être la plus courte. Elles sont souvent, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, débordantes de verdure et de fleurs. DES PERSONNALITÉS ET DES FILMS Les rues portent souvent le nom de propriétaires mais avec cette discrétion, Saint Aubin a souvent attiré des personnalités . Une des premières fut Pasteur qui séjourna à la Villa Mathilde pendant plusieurs saisons. Avec sa permission, la rue des Dunes fut débaptisée pour prendre son nom. Emile Zola a résidé dans la commune pendant plusieurs vacances de même qu’Hector Malot qui évoque la disparition du Père Caillot dans son roman Cara. Nicole Nitot a d’ailleurs fait la connaissance de sa petite fille. Pierre Bellemare et son épouse ont longtemps séjourné à la villa Le Grillon évoquant l’endroit dans ses histoires extraordinaires. De nombreuses personnes du monde de la publicité et de la presse viennent ici se ressourcer pour la discrétion du lieu. Dans les années 2000 le Théâtre de Caen avait loué « La Jeanne d’Arc » pour que ses acteurs puissent travailler en toute quiétude. Plusieurs films ont même été tournés ici : « Je vais bien ne t’en fais pas, « La guerre est déclarée » . Quant à Claude Lelouch et Diane Kurys ils sont également tombés amoureux de la station et y ont tourné certaines séquences de leurs films. Pour avoir parcouru la plupart de ces venelles toutes différentes les unes des autres, on comprend mieux l’engouement pour ces ruelles si attachantes ou tout est imbriqué miraculeusement… avec beaucoup de verdure et de calme nous l’avons dit. Laisons à Nicole Nitot le soin de conclure sur la commune qu’elle aime avec passion : « nous voyons qu’un village sans histoire est très riche en histoire, que sa tradition nous concerne, que sa vie passée continue à travers notre vie présente et que nous faisons aujourd’hui l’histoire de demain ». Que le Nordet qui souffle parfois fort à Saint Aubin continue d’apporter ce vent de bonheur. SAINT AUBIN SUR MER LE CHARME DISCRET DES VENELLES … ELLES MÈNENT PRESQUE TOUTES A LA MER Nicole Nitot C ôte de N acre M agazine • 10
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